Aaron Swartz est mort il y a tout juste 10 ans, le 11 janvier 2013. Il s est suicidé devant le risque d'une très lourde peine de prison. Son crime ? Avoir contesté la légitimité de la propriété intellectuelle des éditeurs d'article scientifique au MIT en essayant d'ouvrir la source. Il est l'une des principales figures, à tout le moins la plus tragique, d'une génération ayant porté l'idée d'internet comme puissant outil de changement, un internet "éthique".
Bien éloigné du numérique dans ma vie professionnelle d'alors lors des textes et d'aaron swartz, il est devenu rapidement une source d'inspiration morale et une pensée politique de référence. Je l'ai souvent convoqué dans la période suivante de ma vie professionnelle pour évoquer la puissance du changement permise par une approche en "plateforme", horizontale et directe. La plus radicalement transparente et honnête possible ("radical transparency"). J'ai longuement pensé à la cohérence de toutes ces trajectoires quand Netframe a décidé de devenir open source.
Le décès d'Aaron swartz le 11 janvier 2013 marque l'apogée du mouvement portant internet comme vecteur de changement. Et le début de l'internet des corporations. C'est durant la décennie qui suivra que les potentiels de l'internet ouvert ont été sans relâche moissonnés au service d'entreprises puissantes conquêrants progressivement l'économie secteur après secteur. Avant "softwares eat the world", il y a "corporatism eats software..."
Au point progressivement, je crois, de tarir le potentiel d'innovation, de rupture et la compétition présente dans l'économie numérique avec la montée en puissance du "cloud" (centralisé, propriétaire). Le covid rendra ensuite visible le volume des nouvelles rentes ainsi constituées. Seule l'innovation ouverte, les collaborations fondées sur l'effet multiplicateur produit par le croisement des gains marginaux de chacun peut aujourd'hui permettre de bousculer cet ordre établi technologique. Qui est devenu d'ailleurs un ordre géopolitique.
De manière intéressante et ironique, pour que la vague d'innovation suivante déferle il aura fallu une mise en place mimant l'esprit d'ouverture et de recherche pionnière, quasi militante, d'avant. C'est ainsi que dall-e et chatgpt sortent d'une entreprise à but lucratif limité (quelle réalité? pour combien de temps?), ayant établi explicitement dans un premier temps un standard de collaboration ouverte entre des grands acteurs, dirigés par homme de réseau d'innovation et dont le nom reprendra l'esprit... OpenAI.
Quand il n'y a plus l'ivresse à croire que le flacon peut encore suffire pour régénérer en partie les effets...
C'est cet état d'esprit de recherche, de collaboration et d'innovation ouverte qui nous animera en cette année 2023.